Découvrez la naissance étonnante du "Pèlerin", liée au Pèlerinage national de Lourdes

Par  Yves Pitette et Marie-Yvonne Buss

Publié le 12/08/2023 à 10h00

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Découvrez la naissance étonnante du "Pèlerin", liée au Pèlerinage national de Lourdes
© Archives de la Bonne Presse

Le service des brancardiers doit très vite se développer, afin de transporter les malades de la gare jusqu'au sanctuaire.

Cet article est paru dans le magazine Le Pèlerin - Abonnez-vous

En 1873, les religieux assomptionnistes qui organisent le premier Pèlerinage national à Lourdes ont besoin d'un bulletin de liaison hebdomadaire. Au fil de ses transformations, cette publication devenue journal a accompagné les pèlerins jusqu'à nos jours.

Le Pèlerin, on pouvait s'en douter, ne porte pas ce nom par hasard. La sévère défaite française de 1870, le traumatisme de la Commune de Paris et la prise de Rome par les Italiens – faisant, à ce moment, du pape une sorte de « prisonnier » au Vatican –, ont été interprétés par une partie des catholiques en France comme la punition de fautes nationales et la conséquence d'un large abandon de la foi traditionnelle. D'où un spectaculaire mouvement d'expiation collective : prières publiques et pèlerinages dans les multiples sanctuaires du pays, etc. L'Assemblée nationale, où siège une majorité plutôt monarchiste, va même déclarer d'utilité publique la construction de la basilique du Sacré-Cœur sur la colline de Montmartre, à Paris, à peine deux semaines après le lancement du Pèlerin, le 12 juillet 1873. Et au moment où se déroule à Lourdes le premier Pèlerinage national lancé par les religieux assomptionnistes.

La relance des pèlerinages fait en effet partie de la réaffirmation de la présence catholique dans l'espace public qui anime cette toute jeune congrégation. C'est pour « travailler au salut de la France » que les assomptionnistes parisiens créent, en janvier 1872, une association qui sera la matrice de nombreuses œuvres spirituelles et sociales. Ils la baptisent Notre-Dame de Salut.

Le premier pèlerinage organisé par l'ordre se rend, en août 1872, au sanctuaire marial de La Salette (Isère).

Malgré quelques incidents au passage de Grenoble, où les pèlerins reçoivent des jets de pierres et des injures anticléricales, c'est un succès, et on en profite pour créer un Conseil général des pèlerinages. Il coordonnera ce grand mouvement qui, essor du chemin de fer aidant, voit naître les premiers pèlerinages non plus locaux mais nationaux. Ce Conseil, que dirige un assomptionniste, le père François Picard, a très vite besoin d'un bulletin de liaison : ce sera Le Pèlerin, hebdomadaire petit format sans prétention. Le principal rédacteur est un assomptionniste, le père Germer-Durand, aidé par l'abbé Tilloy : « Nous obéissons aux deux plus nobles sentiments qui dominent toute vie humaine : l'amour de l'Église et l'amour de la France, la foi et le patriotisme », écrit ce dernier dans le premier numéro.

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© Damblans/ Le Pèlerin

Les trains du Pèlerinage national « reçus par l'Immaculée Conception à Lourdes », par l'illustrateur Damblans dans Le Pèlerin, en 1901.

Nouvelle formule, nouvel élan

À partir de 1877, sous l'impulsion du père Vincent de Paul Bailly, véritable génie de la presse, le bulletin de liaison se transforme en un hebdomadaire populaire et familial. Dès 1883, il compte 40 000 abonnés ! Le recours à de grands illustrateurs, l'usage précoce de l'impression couleur puis de la photo, y seront pour beaucoup. Surtout, Le Pèlerin embarque avec lui ses lecteurs dans l'aventure, les invitant à s'investir dans sa diffusion via les paroisses. Avec succès : en 1956, un Français sur 25 lit Le Pèlerin, devenu - et resté jusqu'à nos jours -le premier hebdomadaire chrétien en France. Pour autant, le magazine n'a jamais tourné le dos à ses origines : toute l'année, il suit l'actualité de la marche et des pèlerinages, à travers de nombreux articles et une newsletter dédiée. Et chaque 15 août, une séquence spéciale « Lourdes », comme celle-ci, lui permet de revenir à son lieu source.

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© Archives de la Bonne Presse

Des hospitaliers, volontaires hommes et femmes, prêtent main forte pour assurer les soins et le confort des personnes alitées dans les wagons.

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© Archives de la Bonne Presse

Près de la grotte de Lourdes, des piscines s'organisent pour accueillir les personnes malades.

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