Au Rwanda, trente ans après le génocide Tutsi

Par  Jean-Michel Demetz

Publié le 07/04/2024 à 19h14
Mise à jour le 07/04/2024 à 21h14

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Rwanda, trente ans après
© Julien Daniel/Myop

Dans une rue du centre de Kigali, près de la mairie. Ce quartier est la partie la plus moderne de la capitale, vitrine du développement récent du pays. Le Wi-Fi y est gratuit.

Cet article est paru dans le magazine Le Pèlerin - Abonnez-vous

Le souvenir du génocide perpétré entre le 7 avril et le 15 juillet 1994 continue de marquer ce petit pays de l'Afrique des Grands Lacs. Un poids qui pèse également sur les plus jeunes, autant que la responsabilité qui leur incombe de garantir que le drame ne se répètera pas.
Rwanda, trente ans après

Comment commémorer un génocide? Trente ans après, l'ombre d'une mémoire de sang n'en finit pas de peser sur le pays des mille collines. Le 7 avril 1994, au lendemain de l'attentat contre l'avion du président Habyarimana, commence une des plus grandes vagues de massacres de la fin du XXe siècle. En trois mois, environ 800 000 hommes, femmes et enfants (Tutsis et Hutus jugés trop modérés) vont être massacrés, souvent à l'arme blanche, à l'initiative d'extrémistes hutus. Trente ans plus tard, partout dans le monde, universités, musées, villes vont réfléchir à cette occasion sur les questions restées ouvertes par le génocide rwandais. Quelle compréhension du drame en avons-nous aujourd'hui?

Les zones d'ombre sont-elles condamnées à le rester? Pourquoi historiens et figures politiques continuent-ils à s'opposer sur les causes de l'impuissance de la communauté internationale à mettre, à l'époque, un terme rapide aux massacres? Comment les Rwandais, enfin, ont-ils perçu l'action des justices internationale, française, belge qui ont jugé quelques-uns des génocidaires?

Bien sûr, aujourd'hui, le Rwanda, dirigé d'une main de fer depuis 1994 par le colonel Paul Kagame, qui aspire à faire de son pays « le Singapour de l'Afrique » avec des résultats économiques encourageants, regarde vers l'avenir. Un Rwandais sur deux a moins de 20 ans. Un habitant sur quatre seulement a connu les événements de 1994. Mais, même parmi les jeunes générations, le traumatisme de ces trois mois funestes de l'année 1994 demeure. Trente ans après, on continue à découvrir et exhumer des charniers du génocide rwandais.

Rwanda, trente ans après
© Julien Daniel/Myop

Patricia, 25 ans

« Notre président nous a fait travailler ensemble. Il a essayé de nous réunir et nous a appris à pardonner à ceux qui ont tué les autres. »

Rwanda, trente ans après
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Esther, 21 ans

« Beaucoup de vies ont été emportées lors du génocide. Aujourd'hui ce qu'il faut apprendre à la jeune génération, c'est : plus jamais ça ! »

Rwanda, trente ans après
© Julien Daniel/Myop

Des agriculteurs au travail, près du village de Ntarama, dans le district de Bugesera. En dehors de la capitale, l'économie du Rwanda s'appuie principalement sur l'agriculture. Les Rwandais sont des travailleurs de la terre, qu'ils cultivent avec des outils non mécanisés. Il y a trente ans, ces mêmes outils ont servi à massacrer plus de 800 000 Tutsis, en trois mois.

Rwanda, trente ans après
© Julien Daniel/Myop

Carmel Joe, 23 ans

« Quand tu te présentes, si tu dis que tu es hutu, tutsi, tu vas en prison ! Nous sommes juste des Rwandais, il n'y a pas de différences. »

Rwanda, trente ans après
© Julien Daniel/Myop

Le bâtiment qui abrite l'Assemblée nationale garde les traces des violents combats qui ont eu lieu ici en 1994 entre les soldats rebelles du Front patriotique rwandais (FPR), dirigé notamment par l'actuel président, Paul Kagame, et ceux des Forces armées rwandaises (FAR), fidèles au gouvernement génocidaire de 1994. Cet épisode est relaté par le musée de la campagne contre le génocide.

Rwanda, trente ans après
© Julien Daniel/Myop

À l'extérieur du stade régional, de nombreuses personnes, essentiellement des jeunes, sont perchées en hauteur pour voir par-dessus le mur de l'enceinte sportive de Muhanga, une ville de la préfecture de Gitarama. Un match de football amical oppose l'équipe de Rayon Sports FC à celle du Police Football Club. Cette dernière l'emportera 2 buts à 1.

Rwanda, trente ans après
© Julien Daniel/Myop

L'église de Nyamata est aujourd'hui devenue un mémorial du génocide des Tutsis. Dans cette église où s'étaient réfugiés de nombreux Tutsis du district, plusieurs milliers de personnes ont été massacrées à l'arme automatique puis achevées à la machette, sans distinction, des enfants aux vieillards. Sur les bancs qui accueillaient les fidèles ont été disposés les vêtements récupérés sur les dépouilles des victimes.

Rwanda, trente ans après
© Julien Daniel/Myop

Un spectacle de danse et de musique traditionnelles rwandaises dans un salon de l'hôtel des Mille collines, à Kigali. Certaines danses évoquent le passé guerrier des Rwandais, avant l'arrivée du colonisateur belge dans le pays. Cet hôtel fut le décor d'un épisode du génocide de 1994, qui a fait l'objet d'un film, Hôtel Rwanda (2004). Le directeur sauva de la mort une centaine de Tutsis réfugiés dans son établissement.

Rwanda, trente ans après
© Julien Daniel/Myop

Léon, 23 ans

« Dans ma famille par exemple, il y en a qui ont tué. Brusquement, tu te retrouves avec tes frères, tes oncles qui ont commis le génocide. »

Rwanda, trente ans après
© Julien Daniel/Myop

Sandrine, 23 ans

« Je voudrais que le président reste au pouvoir pour toujours jusqu'à sa mort. Mon seul souhait pour mon pays dans l'avenir, c'est la paix, la paix et la paix. »

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