La chronique d’Olga Lossky

La flamme olympique et le feu sacré

Écrivaine française d’origine russe et de tradition orthodoxe, elle vit actuellement à Paris. Une semaine sur trois, elle nous livre son regard sur l’actualité.
Publié le 24/04/2024 à 18h01 - Mise à jour le 25/04/2024 à 10h39 par  Olga Lossky - Lecture en 2 min Ajouter à votre selection
Olga Lossky
© Bruno Lévy

Cet article est paru dans le magazine Le Pèlerin - Abonnez-vous

Après avoir été allumée sur le site antique d'Olympie, en Grèce, le 16 avril dernier, et relayée jusqu'à Athènes, la flamme olympique vient d'appareiller pour Marseille. Elle y débarquera le 8 mai avant de continuer son périple en direction de Paris, passant de main en main sur le territoire de la métropole et jusqu'en outre-mer. Son parcours dessine sur la carte des arabesques où l'on peut lire la volonté de relier un maximum de lieux et de personnes.

Le rituel de la flamme olympique n'a pas que des admirateurs : certaines voix de l'Église orthodoxe n'hésitent pas à critiquer le caractère néopaïen de la cérémonie d'allumage, durant lequel des actrices ont joué le rôle de prêtresses d'Héra. Des historiens rappellent aussi que le relais de la flamme olympique est né lors des jeux de Berlin de 1936 à l'instigation des nazis, qui s'en servirent comme d'un outil de propagande à la gloire du régime de Hitler.

En parallèle de ce relais controversé, un autre passage de flamme est sur le point de se produire : celui du « feu sacré » de Jérusalem. Lors du Samedi saint orthodoxe, le 4 mai prochain, le patriarche de Jérusalem pénétrera dans le Saint-Sépulcre avec une brassée de trente-trois bougies, après avoir été fouillé pour s'assurer qu'il ne porte sur lui aucun allume-feu. Il devrait, comme chaque année, en ressortir avec une torche embrasée de laquelle les pèlerins approcheront leurs cierges. Le feu sacré se propagera ainsi partout sur la planète. Certains crieront au miracle tandis que d'autres dénonceront supercherie et crédulité.

Au-delà de la question de l'authenticité du feu sacré, ces deux flammes significatives aux yeux de ceux qui les portent ne révèlent-elles pas toutes deux le même désir ? Celui de s'associer à un mouvement plus grand que soi, qui nous dépasse et nous relie à l'autre. C'est ce lien qui est à chérir comme flamme précieuse, un lien dans lequel les chrétiens discernent le Saint-Esprit tombé sur les Apôtres un matin de Pentecôte et qui peut continuer d'embraser le monde de sa vie divine remplie d'amour si nous nous passons le relais.

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