« Les indemnités chômage n’incitent pas au retour à l’emploi ». Vrai ou Faux ?

Romain Mazenod

Par  Romain Mazenod

Publié le 14/04/2024 à 10h01
Mise à jour le 14/04/2024 à 12h01

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La fin du chômage, vraiment ?
© Durand T / Alpaca / Andia.fr
« Les indemnités chômage n’incitent pas au retour à l’emploi ». Qu'en est-il ? Le Pèlerin décrypte pour vous le sujet.
  • Le Premier ministre, Gabriel Attal, a annoncé une nouvelle réforme du système d'assurance chômage, la troisième depuis 2019. Objectif : « Inciter à la reprise d'emploi.» L'allusion est à peine voilée : certains chômeurs profiteraient des allocations sans vraiment chercher un emploi.
  • La forte dégradation des finances publiques explique en partie cette critique. Face à un déficit budgétaire s'élevant en 2023 à 5,5 % du PIB, le gouvernement doit réaliser des coupes partout, y compris dans les dépenses sociales.
  • Dans le système actuel, le montant moyen de l'allocation s'élève à 1 033 € brut, calculé sur les salaires et indemnités perçus les vingt-quatre derniers mois. Il faut avoir travaillé au moins six mois sur vingt-quatre (ou trente-six mois pour les plus de 53 ans) pour la percevoir. La durée d'indemnisation est désormais de dix-huit mois, moins qu'au Danemark ou en Allemagne. En Belgique, cette durée est illimitée mais fortement dégressive.
  • Aucune statistique n'établit que les chômeurs préféreraient percevoir des indemnités plutôt que de rechercher activement un emploi. Ni l'Unedic ni France Travail ni l'État ne fournissent de chiffres en la matière. En outre, 60 % des chômeurs ne sont pas indemnisés.
  • Certes, 340 000 postes restent vacants alors même que le taux d'emploi demeure faible (68,4 %, source : BIT). Cependant, selon nombre d'économistes, le chômage (7,5 % au quatrième trimestre 2023, source : BIT) s'explique par d'autres raisons, notamment l'inadéquation entre la formation des demandeurs d'emploi et les compétences requises par les employeurs.
  • Le risque de « destruction du capital humain » est évoqué pour défendre le système actuel. En obligeant un chômeur à accepter le premier emploi venu, on braderait ses qualifications et réduirait la productivité de la nation tout en diminuant les capacités de négociation salariale à l'embauche, loin de « désmicardiser » la France comme le souhaite le gouvernement.
  • D'autres économistes, proches du patronat, invitent à distinguer les logiques d'assurance et de solidarité. Ainsi, les régimes dérogatoires généreux – intermittents du spectacle, frontaliers, indépendants – devraient selon eux reposer non sur les cotisations mais sur l'impôt, ce qui allégerait les comptes de l'Unedic (excédentaires en 2023, avec 1,6 milliard d'euros)

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