Festival du livre de Paris 2024 : notre sélection de littérature québécoise

Muriel Fauriat

Par  Muriel Fauriat

Publié le 11/04/2024 à 13h31
Mise à jour le 11/04/2024 à 15h31

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Festival du livre de Paris : notre sélection de littérature québécoise
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Le Québec est une terre de livres, notamment avec plusieurs prix littéraires remportés en 2023.

Cet article est paru dans le magazine Le Pèlerin - Abonnez-vous

La Belle Province est l'invitée du Festival du livre de Paris, du 12 au 14 avril 2024. L'occasion de découvrir ses voix singulières. Plongez sans hésiter dans notre sélection.

Le Québec, peuplé de 8,5 millions d'habitants - une grande majorité de francophones, des anglophones et 11 nations autochtones - foisonne d'une infinie variété de plumes ! Les prix reçus à l'automne par deux jeunes auteurs, Kevin Lambert pour Que notre joie demeure (Éd. Le Nouvel Attila), lauréat des prix Décembre et Médicis, et Éric Chacour pour Ce que je sais de toi (Éd. Philippe Rey), Femina des lycéens, amplifient le mouvement de curiosité vers la littérature des cousins d'Amérique. Ceux-ci surprennent par leur talent de stylistes et leur palette de sujets : comédie grinçante chez les grosses fortunes montréalaises, hymne filial métissé, roman noir en Gaspésie, itinéraires cabossés et résilients des peuples autochtones, voix féministes assurées et bienveillantes… Quarante auteurs et autrices seront présents au Festival du livre, à Paris. Nous vous présentons une quinzaine de pépites.

La sève de la vie

Chef-d'œuvre de délicatesse et d'émotion, Le roitelet , de Jean-François Beauchemin, qui sort actuellement en Folio, narre le compagnonnage du narrateur avec son frère schizophrène. Le romancier y mêle amour de la nature et des êtres, contemplation et poésie. Un bijou. Comme sa dernière œuvre, Le vent léger (Éd. Québec Amérique), où une famille nombreuse est affectée par le cancer de la mère mais conserve une lumière toute christique (même si l'auteur se définit comme un fervent athée). De son côté, la poétesse Hélène Dorion, dans Mes forêts (Éd. Bruno Doucey), fait entendre le chant des arbres : « Mes forêts sont de longues traînées de temps […] /elles glissent dans l'heure bleue/ un rayon vif de souvenirs/l'humus de chaque vie où se pose/légère/une aile. ». Michel Rabagliati, quant à lui, en bande dessinée ou roman graphique, trace les itinéraires de Paul, son héros, avec une tendresse à fleur de peau et une créativité fascinante. Multiprimé, il publie aujourd'hui Rose à l'île (Éd. La Pastèque), premières vacances père-fille (Paul et Rose) sur une île du fleuve Saint-Laurent (ne pas manquer non plus Paul à la pêche et Paul à la campagne).

Noir local

Alain Beaulieu remporte le prix France Québec 2023, remis au Festival, pour Le refuge (Éd. Liana Levi), l'histoire d'un couple d'universitaires retraités aimants, entraînés dans une spirale d'actes regrettables et de remords. Un roman haletant sur l'amour et le péché. Dans le noir, ne pas manquer Roxanne Bouchard, deuxième Québécoise à remporter le prix Quai du polar en 2023 (après Andrée A. Michaud en 2017 avec Bondrée ) pour Nous étions le sel de la mer (Éd. de l'Aube), polar maritime en Gaspésie. L'autrice présente aussi son nouvel opus, La mariée de corail (Éd. de l'Aube), sur la disparition d'une capitaine de homardier. Côté noir burlesque, le petit dernier d'André Marois, La sainte paix (Éd. Héliotrope) conte le parcours de deux vieilles dames qui se font face de chaque côté de la rivière Mastigouche. L'une d'elles, fort ébranlée quand sa voisine lui apprend son départ, va trouver un moyen de la retenir.

Paroles de femmes

« À la Foire de Francfort, j'étais la seule femme au conseil d'administration, c'est fou. Cela n'existe plus au Québec ! » s'exclame Caroline Fortin, directrice des Éditions Québec Amérique. « Mes collègues m'ont demandé si j'étais restée. Oui. Mais bon… ce n'était pas fun ! ». De l'autre côté de l'Atlantique, les mentalités ont vingt ans d'avance et les autrices, nombreuses, tracent des sillons singuliers fascinants. Très populaire, Martine Delvaux porte une voix féministe forte et aimante, à la télé et sur les ondes. Dans Le monde est à toi (Éd. Les Avrils), elle se questionne sur sa relation avec sa fille, interrogeant sa fonction éducative. Dominique Fortier, elle, s'est penchée sur Emily Dickinson à raison de deux romans envoûtants, au classicisme soigné : Les villes de papier (Éd. Grasset) raconte, entre fiction et réel, la vie de la poétesse américaine, et Les ombres blanches (Éd. Grasset), l'incroyable aventure qui a mené la sœur d'Emily Dickinson à publier les poèmes que l'autrice voulait brûler.

Anaïs Barbeau-Lavalette, pour sa part, lance dans Femme forêt (Éd. Lattès) un appel à courir dans les sous-bois en chantant. « Des amis algonquins m'ont déjà expliqué quelle attitude adopter si je rencontrais un ours dans la forêt. […] Surtout, ne pas faire la morte. Je ne suis pas crédible en morte. Mais plutôt m'éloigner lentement, sans gestes brusques, en parlant à l'ours ( je cherche encore quoi lui dire. Si je n'ai pas trouvé à ce moment-là, je chanterai). »

Voix autochtones

Nous avons rencontré Michel Jean cet automne pour la sortie de son fabuleux Tiohtià:ke [Montréal] (Éd. Seuil) sur ces itinéraires de jeunes autochtones dans les grandes villes. L'auteur sera présent au Festival et dédicacera aussi son Kukum (Éd. Points), la belle histoire d'une orpheline québécoise amoureuse d'un jeune Innu avec qui elle partage sa vie nomade sur le Pekuakami (lac Saint-Jean). De son côté, la poétesse Rita Mestokosho propose, en langue amérindienne et en français, Atiku utei. Le cœur du caribou (Éd. Mémoire d'encrier) : « Nutin nitaimiku tshietshi maimuk shipua /le vent m'appelle à descendre les grandes rivières/ ka mateni-takuanniti tshimushuminanat utinniu-nuaua /la liberté des ancêtres vibre. »

Venus d'ailleurs

Ils sont nombreux, les Québécois issus de la diversité ! À commencer par l'académicien Dany Laferrière, né en Haïti, qui publie Un certain art de vivre (Éd. Grasset). Un recueil de textes courts, désopilants. À lire aussi : Ce que je sais de toi , d'Éric Chacour. Né en Égypte, le jeune auteur offre un premier roman délicat : la vie de Tarek, médecin réputé des quartiers populaires du Caire, marié mais amoureux d'un jeune homme, à qui il transmet son amour du soin. Bien connue au Québec, Kim Thuy, elle, a fui le Viêt Nam. Elle écrit de poignantes œuvres, comme Ru (Éd. Lattès), inspiré de son parcours.

Vive le Québec livre !

Festival du livre de Paris

Du 12 au 14 avril 2024 au Grand Palais éphémère, place Joffre, 75007 Paris.

Réservez vos entrées sur festivaldulivredeparis.fr

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