De Soulac-sur-Mer à Rocamadour, un nouveau chemin de 500 km sur les pas de saint Amadour

Gaële de la Brosse

Par  Gaële de la Brosse

Publié le 21/09/2023 à 15h30
Mise à jour le 21/09/2023 à 16h51

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En chemin sur les pas de saint Amadour !
© CD24

Panneau balisant le chemin d'Amadour.

Marcheurs, à vos marques ! Un nouveau chemin de 500 km vient de naître sur les pas de Véronique et Amadour, deux personnages qui nous font remonter aux origines du christianisme. Vous voulez découvrir leur histoire ? Lancez-vous sur leurs traces, de Soulac-sur-Mer (Gironde) à Rocamadour (Lot) !

Pour lancer un nouvel itinéraire de randonnée, il faut plusieurs ingrédients: une belle histoire, des chemins agréables, des paysages variés, un patrimoine remarquable. Ensuite, la logistique doit suivre rapidement: balisage, hébergements, site internet, topoguide. Tous ces éléments ont été réunis pour le lancement du chemin d'Amadour, qui a été officiellement inauguré fin mars dernier. Mais cette création ne s'est pas faite en un jour!

En chemin sur les pas de saint Amadour !
© David Remazeilles / Gironde Tourisme

Amadour et Véronique.

La genèse du chemin

Comme tous les grands projets, ce chemin s'est construit pas à pas. "Avec l'Association des Amis de Saint-Jacques en Limousin-Périgord, explique Philippe Debet, animateur au service du tourisme du Conseil départemental de la Dordogne, nous avions créé un chemin de 180 km, de Bergerac à Rocamadour, passant par les abbayes de Saint-Avit-Senieur et de Cadouin (Dordogne), qui avaient une grande tradition pèlerine . Un matin, j'ai entendu à la radio le recteur de Rocamadour raconter l'histoire d'Amadour et de Véronique. Ça a été le déclic! Et c'est ainsi que nous avons envisagé de prolonger ce chemin: il démarrerait de Soulac-sur-Mer, au bord de l'océan Atlantique, et conduirait à Rocamadour, dans les causses du Quercy."

Devant l’église abbatiale de Cadouin.
© Luc Fauret

Devant l'église abbatiale de Cadouin.

En chemin sur les pas de saint Amadour !
© David Remazeilles/ Gironde Tourisme

Devant la basilique Notre-Dame-de-la-fin-des-Terres, à Soulac, lieu de départ du chemin.

Une belle histoire

Retour vingt siècles en arrière. "Tout commence, explique Jean François Gareyte, médiateur à l'Agence culturelle Dordogne Périgord, lorsque Amadour et sa bien-aimée épouse, Véronique, débarquent sur les plages médocaines de la Gironde, non loin de l'actuelle Soulac-sur-Mer. Le couple entreprend alors d'évangéliser la péninsule médullienne jusqu'à Bordeaux. Cependant, le décès de Véronique viendra briser leur épopée commune. La tombe de la défunte se trouve aujourd'hui dans la crypte de la basilique Saint-Seurin à Bordeaux. Amadour, désormais veuf, quitte Soulac-sur-Mer pour traverser la Gironde, le Lot-et-Garonne et la Dordogne, afin de trouver refuge dans une vie d'ermite sur le site qui deviendra plus tard Rocamadour, dans le Lot."

Précisons que cette histoire, rattachée aux premiers siècles du christianisme, mêle l'histoire à la légende, et il appartient aux historiens de distinguer les faits réels des récits légendaires. Mais si ce récit a traversé les âges pour parvenir jusqu'à nous, c'est sans doute qu'il a quelque chose à nous dire…

En chemin sur les pas de saint Amadour !
© David Remazeilles/ Gironde Tourisme

Au phare de Richard, à Jau-Dignac-et-Loirac.

« Mettez vos pas dans la légende ! »

Inspiré par cette belle histoire, le slogan de ce chemin était tout trouvé: "De l'océan Atlantique aux causses du Quercy, mettez vos pas dans la légende!" Depuis cet été, pèlerins et marcheurs peuvent arpenter les 500 kilomètres qui relient ces hauts lieux emblématiques. Au fil des pas, ils découvrent quelques-uns des plus beaux paysages du Sud-Ouest: l'estuaire de la Gironde, l'Entre-deux-Mers, la vallée du Dropt, les vignobles du Bordelais et de Bergerac-Duras, la vallée de la Dordogne, les Causses du Quercy. "J'ai adoré ce chemin, témoigne un marcheur qui a traversé la Gironde. C'est très beau de longer l'estuaire et de passer à côté des carrelets, des églises, à travers les forêts… J'ai bien aimé y être tranquille!" Une marcheuse, qui a arpenté la Dordogne et le Lot, ajoute: "La variété des paysages m'a surprise: on passe de la Dordogne très verte à l'aridité des Causses, où il y a même un endroit surnommé le désert! Et que dire des petits commentaires [du topoguide, NDLR] qui nous ont tenus plus d'une fois en haleine, faisant ressurgir sous nos yeux les histoires terrifiantes des guerres de Cent Ans et de religion…"

En chemin sur les pas de saint Amadour !
© David Remazeilles/ Gironde Tourisme

Eglise et ruines de l'abbaye de Saint-Avit-Sénieur.

Merveilles du patrimoine

Sur ce trajet, le patrimoine bâti n'est pas en reste: centres historiques des villes (Bordeaux, Bergerac, Sarlat), châteaux viticoles, bastides, châteaux de la vallée de la Dordogne, cités médiévales, etc. "Sans oublier, précise Sébastien Pénari, de l'Agence française des chemins de Compostelle, les dix sites inscrits sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO, au titre des chemins de Saint-Jacques: Notre-Dame-de-la-Fin-des-Terres, à Soulac-sur-Mer (Gironde) ; la c athédrale Saint-André, la basilique Saint-Michel et la basilique Saint-Seurin à Bordeaux (Gironde) ; l'a bbaye de la Sauve-Majeure et l'église Saint-Pierre à La Sauve (Gironde) ; l'é glise de Saint-Avit-Sénieur (Dordogne) ; l'abbaye de Cadouin à Le Buisson-de-Cadouin (Dordogne)  ; enfin, la b asilique Saint-Sauveur et la crypte Saint-Amadour à Rocamadour (Lot)."

C'est avec beaucoup d'émotion que les riverains de ce chemin voient ces lieux retrouver leur vocation primitive. "Par exemple, commente Philippe Debet, à Saint-Avit-Sénieur, les marcheurs sont accueillis dans l'ancienne mairie qui était autrefois… un gîte pour pèlerins! On sait aussi, par des relations de voyages, que les Pénitents bleus de Périgueux se rendaient à pied à Rocamadour. Enfin, l'abbaye de Cadouin était un haut lieu de pèlerinage parce qu'il détenait un suaire ramené par les croisés, qui fut longtemps considéré comme une relique exceptionnelle. Une supposition que l'histoire a malheureusement démentie!"

En chemin sur les pas de saint Amadour !
© David Remazeilles/ Gironde Tourisme

Reliques de sainte Véronique à l'église Notre-Dame-de-Fin-des-Terres, à Soulac-sur-Mer.

En chemin sur les pas de saint Amadour !
© Les Droners

La cité médiévale d'Issigeac.

Une logistique au rendez-vous

Grâce à l'investissement de la Fédération française de la randonnée pédestre et des quatre départements traversés (Gironde, Lot-et-Garonne, Dordogne et Lot), le chemin bénéficie d'un balisage spécifique sous la forme d'une sportelle (médaille ovale reproduisant le sceau du prieuré de Rocamadour). "Il sera bientôt homologué sous le nom de GR®81", précise Philippe Debet.

Comme sur les chemins de Saint-Jacques, les marcheurs peuvent obtenir, à l'arrivée, le diplôme de la Rocastella ; et les promoteurs de ce chemin travaillent actuellement sur un carnet du pèlerin. Un guide, Le chemin d'Amadour (Editions Sud-Ouest), décrit les 21 étapes, ainsi que le patrimoine à découvrir. Enfin, les traces GPX peuvent être téléchargées sur le site internet dédié, où le trajet est aussi indiqué sur une carte Googlemaps. Ce site recense également les hébergements, listés par étapes.

Fort de ces nombreux atouts, le chemin d'Amadour devrait devenir une destination incontournable pour les pèlerins et marcheurs en quête de sens, et des agences spécialisées la proposent déjà dans leur catalogue (en randonnée en liberté ou accompagnée). Vous mettrez-vous en route, vous aussi, pour remonter le temps, sur ce chemin où l'histoire se mêle à la légende?

En chemin sur les pas de saint Amadour !
© Lot Tourisme / Teddy Verneuil

En vue de Rocamadour.

Pour en savoir plus :


De Soulac à Rocamadour, 500 km pour remonter le temps!

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