Dans son dernier ouvrage*, ce psychiatre et thérapeute familial propose une méthode en plusieurs étapes pour en finir avec la jalousie, toxique pour le couple.
Pèlerin : Quels sont les signes de la jalousie excessive ?
Bernard Geberowicz : Il nous est arrivé à tous, une fois ou l’autre, de ressentir de la jalousie envers notre conjoint(e) : quand il, ou elle, s’entend bien avec un (ou une) ami(e), ou qu’il (ou elle) partage des sorties avec quelqu’un d’autre… C’est un sentiment normal. Quand nous aimons, bien souvent, nous voudrions que l’autre n’aime que nous, ne désire que nous ! Chez certains, ce sentiment habituel devient excessif, maladif. La jalousie se manifeste alors par une grande anxiété, une colère difficile à contrôler et par la peur de l’abandon. On retrouve souvent ces trois signes : une surveillance étroite du conjoint, sa dévalorisation dans les discussions et une exigence de restriction des contacts.
Comment bascule-t-on dans cette exagération ?
B. G. : Petit à petit, la relation devient asymétrique. Le conjoint n’a plus la possibilité de rassurer l’autre car, quoi qu’il dise, il ne sera pas cru. Le jaloux raisonne en commençant par la conclusion : l’autre le trompe et il cherche tout ce qui peut le prouver. Cette jalousie arrive aussi quand l’un ne respecte pas l’intimité de l’autre : il est important, dans un couple, de signaler ses frontières. On ne regarde pas les mails, on ne fouille pas dans le portable. Surtout sans en avoir parlé avant !
Comment expliquer cet excès ?
B. G. : Les personnes jalouses ont souvent connu, dans leur enfance, des troubles de l’attachement. Quelque chose leur fait craindre que la relation s’arrête du jour au lendemain.
Elles vivent dans une insécurité affective permanente, ne sont jamais sûres qu’on les aime. Elles manquent de confiance en elles, ce qui se traduit par une peur d’être abandonnées. Elles ont la conviction que les relations, quelles qu’elles soient, vont se terminer par une trahison.
L’éducation peut-elle jouer un rôle ?
B. G. : Souvent, les parents craignent que leurs enfants soient jaloux les uns des autres. Ils leur disent : « Tu es envieux ! », « Tu es jaloux ! » Ces étiquettes induisent l’idée que les enfants ont constitutivement une jalousie en eux.
Il est normal, dans certaines proportions, bien sûr, d’être jaloux entre frères et sœurs. Mais ce sentiment peut être un grand stimulant dans la vie !
Comment soigner la jalousie excessive ?
B. G. : D’abord, il faut essayer de comprendre ses émotions et de mieux communiquer avec l’autre. Dans un premier temps, il s’agit d’arriver à considérer que chaque membre du couple peut avoir un espace personnel. Ensuite, prendre le temps avant de réagir, parvenir à contrôler sa colère et la verbaliser de façon à ce qu’elle soit audible par l’autre. Enfin, il faut développer de nouvelles façons de nourrir son couple, autrement que par les conflits et la peur.
J’arrête d’être jaloux(se) ! 21 jours pour changer, Éd. Eyrolles, 216 p. ; 11,90 €. |
Paru le 19 avril 2018
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